Maintenant j’ai compris…

Enfant, ou même adolescente, je ne comprenais pas toujours les réactions de mes parents, comme tout le monde je crois.

Je râlais d’un manque de liberté, mais je n’avais pas conscience de celle que j’avais déjà à l’époque, et que je serais sûrement incapable de laisser à ma fille dans quelques années.La société évolue, le monde dans lequel nous vivons n’est plus le même qu’à ma génération.

Mature, j’allais régulièrement chercher ma soeur chez la nourrice après l’école, et on rentrait à pieds à la maison, dans notre tout petit village, quand je devais avoir environ 8/10 ans.

Aujourd’hui, ma fille ayant déjà 7 ans, je ne l’imagine pas une seule seconde rentrer seule à la maison après l’école avant son CM2 au moins, et pourtant, ce serait techniquement possible en habitant à 10 minutes à pieds…

Je faisais, enfant, mes devoirs seule, nous goûtions et nous attendions nos parents pour le dîner sagement.

Je sortais avec ma soeur jouer dans la rue avec les voisins sans forcément beaucoup de surveillance de mes parents, tout du moins ce n’est pas le souvenir que j’en ai en tout cas, car ils nous faisaient confiance et nous étions plutôt très disciplinée en matière d’horaires ou autre règles à la maison…

L’éducation que nous avons reçu est des plus basique: être poli envers les autres, travailler à l’école, se tenir bien à table, respecter le choix de chacun, aider ses amis et sa famille.

Nous nous levions toujours qund une personne âgée entrait dans la salle d’attente du médecin pour lui laisser notre chaise, nous entrions dans la boulangerie en disant bonjour à tout le monde,  nous débarrassions la table, aidions nos parents à ranger, par exemple…

Adulte, maman, et maintenant dans la vie active depuis pas mal d’années, j’ai pris conscience des dires de mes parents, et je suis devenue capable de comprendre beaucoup de choses qu’ils m’avaient dîtes, à ma soeur et à moi, au sujet de la vie de tous les jours, mais surtout de leur souhaits à tous les deux de nous voir grandir, évoluer et vivre pleinement nos rêves, en ayant toujours les valeurs humaines qu’ils souhaitaient que nous conservions de leur apprentissage et de leur éducation.

Dans ma famille, on m’a toujours enseigné le travail, le courage, la volonté et la détermination d’avancer pas à pas.On m’a appris que rien n’arrivait par magie, comme livré sur un plateau d’argent, mais que si j’étais courageuse, travailleuse, et que si je m’en donnais les moyens, tout finissait toujours par payer…

Mes parents ont commencés à travailler jeune, 17 ans de mémoire…

Mon papa a toujours fait des petits boulots, il a commencé par être pompiste, n’ayant pas de diplôme en poche, mais a su par sa force de caractère, sa détermination et surtout son envie de progresser, acquérir un poste de responsable qui l’intéressait, et s’est épanoui das une entreprise qui avait les valeurs qu’il partageait.L’entraide, le respect de chacun, le travail, la rigueur, il ne rechignait pas à faire des heures ou des déplacements pour son poste qu’il aimait tant à la fin de sa carrière…

Ma maman, n’ayant pas eu une enfance heureuse auprès de ses parents, s’est construite auprès de ses grands parents qu’il l’ont éduquée, jusqu’à ce qu’elle rencontre mon papa.Elle a débuté dans le marché du travail sans diplôme, en prenant le premier job qu’elle pouvait pour vivre de ses propres ailes, et réussir à s’assumer ensuite toute seule.

Pour ma part j’ai commencé à travailler en passant un diplôme de BTS en alternance, mais j’avais auparavant débuté mon immersion dans le monde du travail par des jobs à chaque vacances scolaire lorsque j’étais au lycée.Je me suis levée aux aurores pour emballer des pieds de porc à 5 heures du matin ou coller des étiquettes de remises dans le rayon textile d’une grande surface.

Je n’ai jamais été fainéante de toute façon, ce n’est pas comme cela qu’on m’a appris la vie, et c’est avec ces petits jobs que j’ai me payer mon permis de conduire…

J’ai eu la chance d’obtenir mon premier CDI à 19 ans, et de ne jamais avoir galéré côté job, mais ce n’est pas donné à tout un chacun, surtout dans la conjoncture actuelle.Si j voulais m’acheter quelque chose, je pouvais le faire seule, et même si je n’ai quitté la maison familiale à mes 21 ans, je me suis assumée avant, certes en ne payant pas de loyer, mais en payant mes charges comme une adulte.

Aujourd’hui j’enseigne la même chose à ma fille, qui, bien qu’elle soit largement gâtée, emmène son porte monnaie lors des vide grenier pour s’acheter les bricoles dont elle a envie, ou débarrasse la table après le dîner, ou encore nous aide pour de petites tâches ménagères si c’est dans son possible.

Nous tenons à lui enseigner la force et le courage, afin qu’elle comprenne que rien ne tombe du ciel, et qu’elle doit mettre les moyens nécessaires en travaillant pour y arriver.

Maintenant j’ai compris, que mes parents souhaitaient tout simplement m’aider à progresser, m’épanouir plus tard dans ma vie d’adulte.J’ai vu leur fierté à différente étape de ma vie d’être courageuse et d’encaisser.

J’ai vu les yeux de mon père, malade, fière de sa fille, qui ne rechigne pas à se lever tôt ou à rentrer tard de déplacement pour son travail.J’ai vu son regard, heureux de me voir avoir 50 vies en une seule, et réussir à cumuler mes différentes missions de femme, mère et compagne dans une société ou la femme n’a pas toujours l’égalité de l’homme.

J’ai vu les yeux de ma mère, fière de nous voir éduquer nos enfants, ceux de ma soeur et la mienne, dans le respect de la politesse, et du respect des autres.

Ma maman, toujours active a 58 ans bientôt,  avec 40 ans passé au sein de la même société, se lève tôt, travaille même parfois la nuit, pour pouvoir réussir à vivre seule dans une époque ou il n’est pas toujours évident de réussir à boucler les fins de mois.

Maintenant j’ai compris pourquoi mes parents nous ont encouragé, poussé à aller de l’avant, conseillé, en nous laissant au fur et à mesure acquérir notre expérience de la vie en faisant parfois des erreurs, parce que c’est de celles ci que nous apprenons le plus, souvent…

Les choses ont changées depuis que je m’assume, depuis que je suis devenue maman, les priorités ne sont plus les mêmes, et ma vie est devenue différente également à la suite de la perte de mon papa.

La vie est bien trop courte, le quotidien nous fatigue, nous râlons, mais nous devons prendre conscience qu’elle peut aussi parfois être jolie, et qu’elle mérite d’être vécue avec une certaine légèreté parfois.Il faut pouvoir réussir à se détacher des petits tracas qui nous perturbent, et ce n’est pas toujours facile.

Je n’ai pas souvenir d’avoir vu ou entendu mes parents se plaindre de leurs débuts dans une maison qui n’avait que deux pièces pour trois, qui me lavait dans l’évier de la cuisine…

Je ne les ai pas entendu critiquer leurs vacances au camping en caravane à faire la vaisselle avec leur bassine.Nous étions heureux, et ils nous ont offert tous les deux une éducation stricte sur les valeurs de politesse, l’importance du travail, l’esprit de volonté, de rigueur, mais aussi en parallèle le plaisir de partager ensemble des fêtes de famille, des vacances en Auvergne dont nous gardons de très bons souvenirs malgré le contexte médical de cure thermale pour ma part, ou encore de quelques sorties familiales mémorables, comme le concert de Dorothée dont j’étais fan petite. (Et là je vois le sourire de ma soeur derrière son écran si elle lit ces quelques mots)

Maintenant j’ai compris, et je les remercie de nous avoir élevé dans ce cadre aimant, de partage, et d’aide envers les autres.

Maintenant j’ai compris…

COUCHER DE SOLEIL INDE DU SUD

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2 Réponses pour “Maintenant j’ai compris…”

  1. Djahann 21 juillet 2017 à 16 h 51 min #

    Joli texte…. moi aussi c’est en étant adulte que j’ai compris beaucoup de chose (notamment ma mère qui avait toujours peur pour nous, ne voulais pas qu’on aille trop loin de la maison quand on jouait dehors…. mais justement, on jouait dehors ! Si j’étais maman, j’aurais bcp de mal à laisser mes enfants jouer ainsi sans surveillance ! comme quoi….. ! )

  2. Smidge 31 juillet 2017 à 2 h 07 min #

    Il faut laisser un peu de liberté et d’autonomie à nos enfants si on veut qu’ils l’acquièrent un jour. Et il faut leur faire confiance.

    Il sont d’ailleurs très souvent bien plus responsables en notre absence que lorsque nous sommes là, précisément parce qu’ils savent qu’il n’y a personne pour rattraper le coup. Et ce sont des expériences très formatrices.

    Parfois d’ailleurs pas seulement pour les enfants…

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