Sur le nuage de Lexou

Ce que j’aurais aimé te dire…

Il y a tant de choses que j’aurais aimé te dire

Tant de choses que j’aurais aimer t’avouer, te raconter, partager encore avec toi

Aujourd’hui est une date maudite, pour toi, moi, nous.

Il y a un an nous étions réunis dans cette chambre au fond d’un couloir et nous ne savions pas encore que ce qu’il allait nous arriver allait changer le court de nos vies.

Il y a un an tu perdais ton combat contre cette maladie, le cancer, déclarée un an plus tôt.Un an de souffrances physiques, morales, un an de maladie en dent de scie, très difficile à vivre pour toi et pour nous.Jamais je n’aurais pensé vivre et entendre tous ces mots entendus à cette période.

Cancer, chimiothérapie, soins palliatifs, et pire encore…

Chaque jour qui passe je me cache pour pleurer, pour te pleurer, parce que putain qu’est ce tu me manques, papa…

On m’avait pourtant dit « dts lui tout ce que tu as à lui dire » « entoure le » « embrasse le mille fois » mais cette fichue pudeur m’a une fois de plus empêchée de faire TOUT ce que j’aurais voulu faire à ce moment là.

Je suis venue chaque jour ou presque, nous nous sommes relayés, tous, unis, pour te montrer que nous t’aimions.Toi tu savais, tout, et tu n’as jamais rien dit.Tu ne t’es jamais plaint, tu n’as jamais dis ce qui allait t’arriver et pourtant tu le savais depuis le début.Je ne sais pas comment on peut garder un secret si lourd.

J’aurais voulu te dire que je t’aime, jamais assez je ne te l’ai répété.

J’aurais voulu te dire à quel point j’étais fière de toi, de tout ce que tu avais réussi dans la vie, tu es un exemple de courage, d’ambition, de réussite, de persévérance.

J’aurais voulu te dire que j’étais fière et heureuse que tu connaisses une petite fille qui chaque jour te réclame. Elle gardera des souvenirs de toi plein la tête je le sais.

J’aurais voulu encore vivre des tas de choses drôles, des tas d’aventures avec toi, partir en vacances une nouvelle fois, partir tous ensemble, loin…

J’aurais voulu te dire que finalement je ne t’en veux pas de t’être trompé ce jour là, en haut de la piste noire, que j’ai descendu sur les fesses.Que j’ai adoré parcourir les routes derrière toi, à moto, sous le soleil, la pluie et le vent.Que j’aurais aimé que tu me racontes encore toutes les bêtises que tu faisais, avec ta mobylette…

J’aurais voulu te dire que, comme toi je profiterais de ce que la vie nous offre, que je me battrais chaque jour pour toi.J’aurais voulu te dire et te montrer davantage que tu représentes un modèle pour moi.Un exemple d’ami fidèle, de gai luron, d’un homme sachant réussir sa carrière et ses passions.

J’aurais voulu encore traverser les champs à toute vitesse tous les deux sur tes motos, j’aurais aimé que tu me balades encore sur le traceur das le jardin.Tu as réussi à me transmettre le goût des moteurs qui tournent…

J’aurais voulu te dire que je ferais tout pour réussir chacun de mes challenges.J’aurais voulu discuter avec toi de l’avenir, de ces choix que je devrais faire, parce que j’écoutais toujours tes conseils.

Mais au lieu de cela je n’ai rien dis.J’ai essayé de t’entourer du mieux que je le pouvais à ce moment là.J’ai essayé de te faire rire, de t’emmener plein de gourmandises, de venir chaque jour.

Rien était plus important que d’être là.

Je sais que tu ne m’en voudras pas mais moi oui.J’ai un tas de regret, mais la machine ne revient jamais en arrière.Depuis je te vois, enfin je crois, ici ou là je vois des silhouettes qui te ressemblent.

Je me cache pour te pleurer, je parle tous les jours de toi, de ton avis, de ce que tu aurais pensé, de ce que tu aurais aimé, si tu étais là.J’écoute tes chansons préférées en boucle, je bois le vin que tu aimais et je continuerais chaque jour qui passe à profiter de la vie comme toi.

Je serais courageuse, battante, souriante.Je me suis promis de toujours garder contact avec tes fidèles amis, je saurais entretenir l’amour que tu as toujours eu pour tes petits enfants, et pour nous, tes filles.Je tacherais toujours de continuer à avancer avec cette douleur immense de te plus t’avoir à mes côtés.Avec cette grosse boule au fond de la gorge qui ne me quittera sans doute jamais.

Cette putain de maladie m’aura encore plus endurcie, et pourtant je pensais l’être au maximum.Elle m’aura appris que je pouvais réellement compter sur mes amis et certains proches.

Elle m’aura appris à relever la tête, à me forcer de ne pas plonger, et couler.

Je l’ai pris en pleine face, je n’ai pas digéré et je ne le pourrais jamais mais j’avancerais avec cette boule permanente.

Ce cancer t’a emporté, je lui en veux pour toujours, j’en veux à cette fichue maladie comme j’en veux à personne d’autre.Cela m’aura ouvert les yeux sur un tas de choses que je ne voyais pas.J’ai compris mes priorités, je les ai entendu.

Nous avons veillé sur toi, ensemble, et pourtant c’était bien trop court.Les jours passés dans cet hôpital devenu si familier, sont passés bien trop vite. Nous avons essayé je crois de t’aider comme nous le pouvions, avec cette douleur immense et cette peine de savoir que nous allions te perdre.Nous aurions voulu prendre tes douleurs.

Nous n’avons jamais évoqué ensemble l’avenir.Tu nous faisais confiance, j’espère que nous avons su te prouver que nous pouvions tenter de surmonter cette épreuve terrible, enfin du moins essayer.Nous nous battrons chaque jour pour que tu sois fier de nous…

Nous n’aurions pas dû ce jour là partir si tôt, nous ne partions jamais si tôt…